Intervention

Stéphane Pfeiffer : Schéma de développement économique

Intervention de

Stéphane Pfeiffer

Conseiller délégué en charge de l'Habitat spécifique et de l'Accès aux droits pour tous

Conseil du

25 Novembre 2021

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Merci, Monsieur le Président, je voulais aussi m’associer aux propos de Stéphane DELPEYRAT au nom du groupe Écologiste Solidarité pour remercier le travail des services qui était conséquent depuis plusieurs mois pour aboutir à ce nouveau schéma.

Souligner la méthode aussi qui a permis d’associer les acteurs économiques du territoire, qui nous paraît tout à fait opportune.

On souhaitait nous féliciter de ce travail et de son aboutissement, car ce nouveau schéma s’inscrit dans une vision ambitieuse et moderne du développement économique. En effet, nous notons d’abord un certain nombre de ruptures avec ce qui pouvait se faire par le passé. Je pense par exemple à la question de l’attractivité avec la disparition de la marque Bordeaux Magnetic qui nous paraît essentielle, car c’est tout l’inverse de ce que, à notre sens, nous devons faire.

On ne peut plus continuer d’avoir une Métropole et une ville centre dont l’objectif principal serait d’attirer toujours plus d’entreprises, toujours plus d’emplois sans que ce ne soit ni organisé ni anticipé.

Et puis l’attractivité à tout prix quoiqu’il en coûte a eu des impacts négatifs sur notre territoire. Désorganisation de certaines filières suite à l’arrivée d’acteurs extérieurs, je pense à nos petites PME du numérique, difficultés pour les conjoints et les conjointes à trouver un emploi et une politique d’attractivité qui ne s’appuyait pas sur les compétences disponibles sur le territoire, ce qui créait des effets négatifs et laissait un certain nombre d’habitants sur le côté.

Parmi ces effets de bord négatif, il y a – Monsieur DELPEYRAT l’a rappelé – la question du logement avec une attractivité qui amenait beaucoup de nouvelles populations, des loyers qui ont explosé, des salariés, des travailleuses et des travailleurs qui ne peuvent plus se loger, des jeunes, des étudiants, des apprentis qui ne peuvent plus venir étudier ou finir leurs études à Bordeaux parce qu’ils n’ont pas accès à un logement, et c’est quelque chose de problématique.

Et puis cette attractivité, elle s’est faite au détriment des territoires voisins alors que l’on a déjà une tendance naturelle à l’hyper concentration dans les métropoles, tout ce qui avait été mis en œuvre l’accentuait encore davantage. Nous pensons que notre rôle de puissance publique, c’est de prendre le contrepied à ces tendances naturelles et d’imposer de nouvelles choses.

Elle s’inscrit aussi en rupture sur deux grands sujets qui sont importants pour nous : le premier c’est l’économie de proximité et le deuxième, la transition écologique des entreprises.

Sur l’économie de proximité d’abord, il nous paraît important de rappeler que l’objectif premier du développement économique, cela doit bien être de répondre aux besoins des habitantes et des habitants dans notre territoire. À ce titre, les commerçants, les artisans sont bien sûr les premières lignes. Sauf que l’on remarque dans nos quartiers, que beaucoup d’entre eux qui

dépeuplés de commerçants, les artisans ont quitté la Métropole, ils ne parviennent plus à avoir d’ateliers, des acteurs de l’Économie sociale et solidaire qui n’arrivent plus non plus à trouver de bureaux, de locaux pour exercer leurs activités parce que tout est devenu beaucoup trop cher.

Et dans cette feuille de route, dans ce schéma, on a une vision extrêmement ambitieuse qui passe par une note de service pour les artisans, les commerçants, qui passe par un renforcement des moyens alloués à la foncière commerciale par une anticipation des besoins dans les futures opérations d’aménagement, et tout cela, c’est une ambition que nous soutenons et qui nous semble aller dans le bon sens.

Sur le sujet de l’artisanat et du commerce, c’est souligné dans les feuilles de route, mais on a vraiment un enjeu particulier qui est celui de la transmission et de la reprise de ces entreprises, beaucoup des gérants de ces TPE (Très petites entreprises) vont partir à la retraite ou arrêter leurs activités dans les prochaines années, et on aura besoin de s’assurer de la continuité.

Sur la question des transitions, je n’en parle pas, Nadia SAADI reviendra dessus tout à l’heure.

Un autre point qui nous a convaincus dans ce schéma de développement économique, c’est la nécessité d’abord de soutenir les entreprises qui sont présentes sur le territoire, dans leur développement, dans leur renforcement, dans leur recrutement. La question du foncier est de ce point de vue essentiel. Ce n’est qu’une fois que l’on aura réussi à soutenir les entreprises dans notre territoire que l’on pourra regarder effectivement à l’extérieur pour en faire venir, à condition bien sûr de venir répondre aux besoins des habitants du territoire et puis de compléter certaines filières qui pourraient être aujourd’hui incomplètes.

Cette approche filière nous convainc également, elle nous paraît pertinente, elle nous amène à sortir du logiciel uniquement de la concurrence pour faire rentrer les quest ions de coopération dans notre vision du développement économique et c’est essentiel pour le territoire. Et cette structuration de filières sera vraiment un point clé de ce schéma économique.

On retrouve un certain nombre de filières structurantes qui ont été citées. Dire rapidement un mot sur l’aéronautique puisque c’est un sujet qui est important. Nous considérons que la Métropole peut être légitime à travailler sur cette filière-là, mais uniquement sur une entrée de transition écologique, transition de l’emploi, modification des compétences, transfert des compétences vers d’autres secteurs, pas parce que nous n’aimons pas l’aéronautique, parce que nous considérons surtout que ce sont des filières d’intérêt régional voire national et européen et que ce n’est pas forcément ces acteurs-là qui ont le plus besoin d’être aidés par une Métropole, mais peut-être plus des filières que l’on pourrait considérer comme émergentes, que l’on doit identifier, que l’on doit soutenir, et c’est aussi un élément que l’on retrouve dans ce schéma.

Sur les filières émergentes, on peut noter l’économie circulaire, on peut noter l’hydrogène, je crois, qui a été dans ce schéma, la cyclologistique, etc. Ce sont des éléments qui nous intéressent beaucoup.

Un mot sur la cyclologistique. On a des acteurs locaux, il faudra les soutenir, les développer et les professionnaliser. Il faut que l’on ait un gros point de vigilance parce qu’aujourd’hui, dans les pratiques des livraisons, nous avons un enjeu qui est environnemental, mais nous avons surtout un enjeu social avec le développement d’offres qui amène à précariser les travailleurs et les travailleuses. Des plateformes, vous les connaissez toutes et tous, pas uniquement les grandes plateformes de livraison de repas à vélo que l’on connaît, mais il y aura un vrai point de vigilance et nous ne pouvons pas soutenir cela.

Sur l’hydrogène, aucun problème avec l’hydrogène, à condition bien sûr qu’il soit issu d’énergies renouvelables pour avoir un impact environnemental plus positif. Et nous pensons cependant

que plus que l’hydrogène, il faut aussi élargir cette filière à l’ensemble de la production d’énergies renouvelables, en lien notamment avec le schéma de développement des ENR, des énergies renouvelables, que l’on a pu voter déjà à la Métropole.

Il nous paraît peut-être manquer une filière qui n’est pas évoquée dans cette feuille de route, c’est la filière de la construction et de la rénovation des bâtiments et des logements. On a un vrai besoin en termes de matières premières, de formation et de création d’entreprises, etc. qui nous servira à tous dans nos villes pour aller construire du logement, des bureaux. Et pour la rénovation, cela nous paraît être une filière qui devra être prioritaire.

Je vais terminer sur deux éléments, je suis un peu long, mais c’était important, je pense, de pouvoir avoir cette vision un peu globale.

Sur la question du foncier, je crois que l’ambition, elle est vraiment conséquente, foncière commerciale, plus de moyens, foncière solidaire, vous en avez parlé, Monsieur BOBET. Restructuration des zones d’activité qui sont pour beaucoup vieillissantes et qui ne correspondent plus aux pratiques du XXIème siècle, création d’hôtels d’entreprises aussi, je pense que l’on va dans la bonne voie.

Et puis on a des outils qui sont variés, que l’on pourra mobiliser. Nous sommes, nous, très attachés, lorsque c’est possible, à la maîtrise publique de ces fonciers pour d’une part avoir une action anti-spéculative, mais aussi pour que la puissance publique puisse à terme conserver la main sur ces grandes orientations. On regarde avec attention les discussions autour de la loi 3DS à l’Assemblée nationale et au Sénat, en particulier sur l’ouverture des BRS (Bail réel solidaire) aux locaux d’activités économiques qui nous paraissent être un excellent outil notamment pour l’économie de proximité.

Sur l’emploi, la première réponse à l’emploi, c’est de créer des emplois pour permettre aux personnes qui n’arrivent pas aujourd’hui à en trouver. C’est présent dans l ’ensemble de la feuille de route. Et je voulais aussi souligner le soutien spécifique de la Métropole aux personnes éloignées et privées durablement d’emploi, le soutien au PLIE (Programme local pour l’insertion et l’emploi) qui existe et qui est présent depuis quelque temps, qui sera poursuivi. L’évocation du soutien des expérimentations Territoires zéro chômeur de longue durée qui est aussi une solution que l’on peut tester sur notre territoire. Je pense que l’on peut aller encore un peu plus loin sur ces sujets-là. Il y a un travail de cartographie, d’identification des acteurs, qui est essentiel, mais il faut aussi à mon avis que la Métropole puisse peut-être créer une sorte de fonds d’expérimentation pour accompagner les communes et aider toutes les communes lorsqu’elles ont des initiatives, lorsqu’elles inventent des nouvelles solutions. Je pense que cela peut être quelque chose d’intéressant. Réfléchir aussi à un dispositif commun à partager entre communes dans les opérations d’intérêt métropolitain et dans les filières que l’on a considérées comme prioritaires pour que l’on soit coordonné et plus efficace.

Ainsi, le groupe Écologie et Solidarité restera vigilant à l’équilibre du recours au soutien public entre les territoires, entre les différents secteurs d’activité. On sera aussi vigilant bien sûr au respect des objectifs de transition écologique, sociale et Économie sociale et solidaire.

Nous voterons bien entendu favorablement ce schéma de développement économique, considérant qu’il donnera un nouveau souffle à notre territoire, plus cohérent, plus respectueux des habitantes et des habitants et de notre environnement. Merci.

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