Je parle au nom du groupe Écologie et Solidarité, mais aussi en tant que membre du mouvement Génération. Si on divise le budget global de l’opération, c’est – à-dire 14,3 milliards par le nombre de minutes que l’on espère gagner entre Bordeaux et Toulouse, cela nous donne une minute à 166 millions d’euros.
Cette minute à 166 millions d’euros, à quel besoin répond-elle ? Un besoin en matière de transport collectif à l’échelle nationale, c’est un transport qui permet au plus grand nombre de se déplacer d’un point A à un point B sur l’ensemble du territoire régulièrement maillé par des gares, pour un coût relativement abordable.
Aujourd’hui, le train à très grande vitesse n’a pas réussi, depuis quand même les dizaines d’années qu’il est en service, à permettre d’obtenir ce résultat d’intérêt général. Est-il donc bien sérieux que nous, collectivités, établissements publics, engagions 350 millions d’euros pour un projet dont l’intérêt général est quand même plus qu’aléatoire ?
Il n’y a pas que des gauchistes que j’ai entendus aujourd’hui ou dans les jours précédents qui ont alerté les différentes assemblées délibérantes du territoire du Sud-Ouest, qui ont alerté sur le caractère peu rentable de la LGV, et je pense à Madame DESSERTINE au Conseil départemental.
On ne peut pas non plus dire que le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques soit un repère d’écologistes échevelés, et pourtant tous ces gens, sur la base de rapports quand même très sérieux – la Cour des comptes est quand même une juridiction qui a fait ses preuves, me semble- t-il – nous montrent que ce modèle de grande vitesse n’a jamais permis de résorber les inégalités en matière de transport collectif dans ce pays.
Vous parliez, je crois, Monsieur GARRIGUES, des lignes en souffrance qui vont vers le Sud- Ouest, mais dans notre Région il n’y a pas que la direction vers le Pays Basque. Je pense à la ligne Bordeaux-Limoges, Bordeaux-Brive, et je ne crois pas que depuis que la LGV est en route, depuis 2017, entre Tours et Bordeaux, ces deux lignes, par exemple, se soient améliorées, bien au contraire, j’en atteste, le nombre de trains a vraiment dramatiquement baissé.
J’aimerais donc tout de même poser cette question : devant le flou de la parole de la Vice- Présidente au budget et aux Finances, devant ce flou par rapport au budget et au fléchage budgétaire, le rapport de la Cour des comptes nous montre que l’on est en face d’un investissement à perte.
Devant le peu d’intérêt général que revêt finalement un tel type d’équipement, avons-nous vraiment vocation, nous qui représentons l’intérêt général métropolitain, de financer à perte un dispositif qui n’a aucune plus-value sociale et qui en a fait les preuves ?
Je me demande vraiment, dans une période quand même où l’attachement de la population à ce pays, aux institutions et aux personnes qui les représentent tient à un fil, et notamment parce que beaucoup d’élus n’ont pas le courage de voter en fonction de leur conviction profonde, je me demande si parmi tous les gens qui sont ici et que je sais, pour beaucoup, attachés à un service public de qualité, attachés à la notion d’intérêt général et à la notion de bonne dépense des finances publiques, je me demande si parmi tous ces élus, tout le monde, ce soir, va voter en phase par rapport à ses convictions.