Intervention

Patrick Papadato : GPSO, débat sur le projet de ligne à très grande vitesse

Intervention de

Patrick Papadato

Vice-Président en charge de la Nature et de la Biodiversité

Conseil du

25 Novembre 2021

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Merci Monsieur le Président, mes chers collègues, je souhaiterais intervenir sur le volet biodiversité qui occupe ma vice-présidence. Je développerai la doctrine ERC (Éviter, Réduire, Compenser).

Ce qui est certain, si on fait ce projet, c’est que l’on n’évitera pas les conséquences écologiques sur des terres naturelles et agricoles et que le projet GPSO rendra irréversibles des cicatrices très profondes sur ces territoires. Bien évidemment, si ce projet se fait, faute d’éviter, on tentera bien sûr de réduire l’impact de ces travaux.

Pour rappel, le GPSO va artificialiser 4 830 hectares de zones naturelles agricoles, viticoles, notamment 2 870 hectares de forêt, impactant huit sites Natura 2000, plus de 400 espèces végétales et animales dont près de 200 espèces protégées.

Dans cette salle, derrière vous, un kakémono vante « le million d’arbres. » D’après l’ONF, on compte 1 500 arbres à l’hectare. Avec le GPSO, c’est donc plus de 4,2 millions d’arbres qui seront demain coupés.

Bien sûr, pour minimiser ces chiffres, on nous dit que ces impacts seront réduits et surtout compensés. Permettez-moi cependant d’en douter, un exemple : pour la LGV Tours-Bordeaux, la surface de compensation initialement envisagée est passée de 25 600 hectares à 3 600 hectares, via un mécanisme de mutualisation. Or, même si des terrains se prêtent à la mutualisation d’espèces et d’habitats, la différence est effectivement énorme.

Par ailleurs, on a aussi compensé avec des zones qui servent bien sûr déjà de compensation, ou pire qui ont ensuite été finalement aménagées. Nous sommes donc très loin de zéro perte nette en biodiversité, voire du gain voulu par la loi biodiversité d’août 2016.

Selon une étude réalisée par le Muséum d’histoire naturelle, sur 25 projets d’aménagements, seul un quart des surfaces naturelles détruites ont été compensées. Je rappelle aussi que les espèces ne migrent pas vers ces zones de compensation. On tente juste de reconstituer l’existant, mais la destruction sur ces sites est irréversible. Ce qui est perdu est définitivement perdu. Avec ce projet, la biodiversité s’érode à grande vitesse et même à très grande vitesse.

Pour finir, à l’heure de la relocalisation de l’alimentation, de la résilience alimentaire, de la coopération entre territoires, c’est un mauvais signal lancé au moment où nous vivons une crise sanitaire sans précédent qui nous rappelle notre fragile condition et la nécessité de préserver le juste équilibre de nos territoires.

Ces écosystèmes riches et solides que l’on veut traverser et détruire sont indispensables à notre résilience, voire à notre survie. Et comme le Président l’a évoqué en début de débat, les générations futures, en matière de biodiversité, pourront aussi nous le reprocher.

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