Depuis un an, 300 personnes dont 80 familles et une centaine d’enfants (parmi lesquels 80 scolarisés sur une trentaine d’écoles, collèges et lycées de Bordeaux Métropole), ont trouvé refuge à la Zone Libre de Cenon. Ce lieu est aujourd’hui, encore une fois, menacé d’expulsion.
Les habitants de la Zone Libre sont pour la majorité en situation régulière sur le territoire français : étrangers malades, demandeurs d’asile, salariés et étrangers autorisés à résider en France.
Et si certains soulèvent la question de l’insécurité qui s’est installée autour de cette zone, nous rappelons que les habitants de la Zone Libre de Cenon en sont les premières victimes, et non pas les auteurs, avec une délinquance extérieure qui s’est organisée par opportunisme autour du squat.
Quelle urgence ?
Quelle est l’urgence d’abandonner ce public déjà vulnérable et isolé, dans un contexte de grand froid et de crise sanitaire qui ne fera que renforcer sa détresse et l’exposer à encore davantage de dangers et de précarité ?
Les frontières sont fermés, il n’est donc pas question du renvoi des sans-papiers dans leurs pays d’origine. D’autant plus qu’on le rappelle, la majorité de ces personnes se trouve en situation régulière.
D’autre part, nous appelons la Préfecture à mener le diagnostic social qu’elle s’était engagée à conduire, et qui aurait permis d’envisager des solutions de relogement pérennes et ce, malgré une première interpellation collective en Octobre 2020.
Si certains soulèvent le droit des propriétaires à expulser, ou des promoteurs à construire, nous rappelons que les droits au logement et à la réquisition ne sont jamais appliqués et donc que les droits élémentaires de ces populations sont systématiquement bafoués.
Plusieurs associations nous ont fait part de la grande détresse émotionnelle de ces familles et de ces enfants, forcés de faire leurs valises en quelques heures, sans savoir où aller.
Cette expulsion -et les déplacements qui en résulteront- va mettre à mal l’accompagnement mis en place par le CCAS et par les différentes associations.
Pour quel résultat ?
L’évacuation du squat Lajaunie, sans concertation ni solution définie au préalable, a montré un report direct et désordonné de ces populations vulnérables sur la voie publique, avant que l’entrepôt quai de Brazza ne soit mis à disposition.
Au même titre que les nombreux soutiens qui s’expriment aujourd’hui, nous considérons que la décision d’une expulsion sans aucune proposition de relogement constituerait une aberration sanitaire, juridique, sociale, économique et humaine.
Ces expulsions à répétition sont contre-productives et ne font que déplacer le problème et mettre à mal les actions engagées (scolarisation, alphabétisation, formation, recherche d’emploi…)
Elles placent les personnes concernées dans une logique de survie permanente, en les déplaçant dans des lieux encore plus indignes ou dans la rue.
Nous manifestons donc ici notre entière solidarité avec les réfugiés de la Zone libre et nous demandons à Madame La Préfète la suspension des expulsions à venir jusqu’à que des solutions de relogement pérennes soient mises en place.