Le groupe Ecologie et Solidarité était présent pour le sommet de l’aéronautique et spatial organisé à Bordeaux. Nous avons participé à cet évènement afin de rappeler la liaison étroite entre l’avenir économique de notre territoire et la nécessaire transition écologique du secteur. Dans une démarche parallèle, le groupe Ecologie et Solidarités a tenu à rencontrer des salariés du secteur aéronautique membre du collectif PAD : pensons l’aéronautique pour demain. A ce titre nous déplorons que le programme du Sommet, tout comme les différents ateliers, n’aient montré qu’une vision partielle de la problématique. Nous aurions aimé, au-delà de la représentation des industriels, écouter des représentants des salariés de l’aéronautique, des chercheurs, des scientifiques ou des prospectivistes, donnant une vision plus complète des réalités du sujet.
Il est évident que demain nous aurons toujours des avions dans le ciel et nous voyagerons toujours. La recherche et l’innovation, dans le but de verdir le secteur aéronautique, sont nécessaires et indispensables. Malheureusement, tous ces efforts ne seront pas suffisants. Bien qu’elles permettent une baisse des émissions, ces améliorations technologiques ne compensent pas l’augmentation du nombre de vols. Les émissions émises par le secteur de l’aviation sont par conséquent toujours plus élevées chaque année.
A l’échelle mondiale, les experts du Shift Project et du collectif SupaéroDécarbo ont calculé qu’à technologie égale et à croissance du trafic inchangée, l’aviation aura émis en 2050 plus de 2.5 fois son budget carbone compatible avec les 2°C des Accords de Paris.
En conséquence et face au dérèglement climatique, nous devons réorienter le modèle. Il est urgent de questionner nos usages et nos modes de vie. Comme le préconise la Convention Citoyenne pour le Climat, il est capital d’organiser progressivement la fin du trafic aérien sur les vols intérieurs d’ici 2025, uniquement sur les lignes où il existe une alternative bas carbone satisfaisante en prix et en temps (sur un trajet de moins de 4h). Nous devons repenser nos trajets sur un simple week-end, limiter le nombre de vols professionnels grâce au télétravail ou bien interdire la construction de nouveaux aéroports.
Outre l’aspect écologique, l’aviation reste un moyen de transport fortement marqué par les inégalités sociales. En 2018, dans le monde, seul 1 personne sur 10 a pris l’avion. En France, 2% de la population est responsable de 50% des émissions du secteur aéronautique.
De plus, depuis quelques temps, nous faisons face à une course effrénée à la conquête spatiale initiée par des multimilliardaires déconnectés des réalités environnementales actuelles. Il y a ici une dérive totale de l’objectif essentiel du secteur qu’est la recherche spatiale au profit de la connaissance scientifique. La multiplication exponentielle des débris doit nous interroger sur les priorités que nous souhaitons donner à l’aérospatial.
Alors que la Métropole Bordelaise bénéficie d’une empreinte aéronautique forte avec de nombreuses entreprises installées sur le territoire, en particulier à Mérignac (Dassault, Thales, Safran, …) il est important de changer de paradigme. L’industrie aéronautique française compte environ 350 000 emplois directs ou indirects. Le rapport du Shift Project explique que différer la transformation rapide de l’aéronautique, en laissant le trafic repartir sur la tendancielle après 2024, permet à court terme d’éviter de nouvelles réductions d’effectifs, mais condamne d’autant plus l’emploi à long terme.
Nous avons besoin d’une filière aéronautique mais la puissance publique a une responsabilité dans l’aide qu’elle doit apporter à la transformation du secteur aéronautique, à la fois sur l’innovation et la recherche d’alternatives décarbonées mais aussi dans la transformation de certaines activités pour anticiper les futurs chocs économiques.
Il est essentiel d’interroger urgemment l’avenir des salariés qui ne retrouveront plus de postes dans le secteur. C’est pourquoi nous devons dès aujourd’hui penser l’aéronautique de demain et nous appelons l’ensemble des collectivités du territoire à anticiper ces changements en accompagnant l’émergence de nouvelles filières pour les salariés.
L’attractivité d’un territoire ne peut se penser au détriment de l’environnement de ce dernier. Nous serons vigilants à ce que les trajectoires économiques correspondent aux objectifs climatiques fixées par le GIEC tout en créant un territoire riche en emplois.