Oui, je me sens un peu concerné par les deux interventions. Je veux bien intervenir. Je suis assez surpris. Les deux qui attaquent, c’est Monsieur CAZENAVE et Monsieur FLORIAN. Ils étaient tous les deux sur la même liste, et ils étaient tous les deux favorables à l’ancienne Rue bordelaise telle que l’a rêvée Monsieur FLORIAN. Aujourd’hui, je veux bien, Monsieur CAZENAVE, que vous vous rendiez compte qu’effectivement, vous aviez peut-être fait un mauvais choix à l’époque, mais en tout cas je dois vous rappeler cette triste réalité électorale et politique.
Vous me reprochez de ne pas avoir changé la rue… j’ai envie de dire « Vous ne manquez pas d’air quand même, Monsieur CAZENAVE ». J’aimerais que vous m’expliquiez, une bonne fois pour toutes, en quoi vous critiquez l’existence d’une rue commerçante dans un quartier qui va désormais abriter 50 000 nouveaux habitants, 30 000 salariés. Qu’il y ait une rue commerçante dans ce quartier-là, expliquez-moi en quoi vous êtes contre le principe d’une rue commerçante dans le quartier Euratlantique ? En quoi vous êtes hostile au fait que la gare désormais, grâce à cette rue Saget, pourra s’ouvrir directement sur les quais de Bordeaux ? Par moment, j’ai l’impression que vous êtes un peu emporté par les exigences de la confrontation politicienne et que vous oubliez le fond et l’intérêt du dossier.
Moi, j’étais contre, vous l’avez rappelé, mais j’étais contre la Rue bordelaise de Monsieur FLORIAN. Je le revendique haut et fort. À l’époque, pourquoi étions-nous un certain nombre à être contre ? Tout simplement parce que nous considérions que cette Rue bordelaise
« FLORIAN » allait concurrencer directement les commerces centre-ville de Bordeaux. On nous annonçait des commerces franchisés, les mêmes que notamment rue Sainte-Catherine. En bonne conscience, nous étions un certain nombre à en dire de cette Rue bordelaise : « Nous n’en voulons pas. »
Mon souci, quand j’ai été élu Maire de Bordeaux et Président d’Euratlantique, cela été de dire : « Comment est-ce que ce projet qui avait déjà été voté – certes, en l’absence de Monsieur FLORIAN, qui était absent du Conseil d’administration au moment où la décision a été prise, mais ce dossier qui avait été voté à l’unanimité par le Conseil d’administration d’Euratlantique
– comment ce projet pouvait-il ou non évoluer ? » On m’a immédiatement indiqué : « Monsieur le Maire de Bordeaux, si vous voulez l’annuler, cela va coûter 100 millions d’euros. » Je sais que vous contestez ces chiffres, mais ce sont les chiffres d’un établissement public d’aménagement comme Euratlantique. Ce sont les chiffres qu’il me donne, et vous les connaissez, Monsieur CAZENAVE, on ne va pas faire de querelles de boutiquiers là-dessus. Même si cela avait coûté 10 millions, je vous rassure, Monsieur CAZENAVE, personne ne voulait payer : ni l’État, ni les collectivités. Il fallait le faire avancer ce projet. Je pense que vous avez, dans la délibération, toutes les avancées que l’on a quand même obtenues.
La programmation commerciale, elle a baissé par rapport à ce qui était initialement envisagé d’à peu près 30 %. On a obtenu de l’économie sociale et solidaire pour 1 000 m² qui n’était pas initialement prévue. On a obtenu une Maison des associations pour un coût de 2,5 millions d’euros, qui n’était pas initialement prévue et qui est financée par le groupe APSYS. On a obtenu la transformation de 2 200 m² d’hébergement hôtelier au profit d’un programme d’habitat comprenant 35 % de logements sociaux. Cela n’existait pas dans le premier projet. On a obtenu la diminution du nombre de places de stationnement d’environ moitié contrairement au projet initial. On a obtenu la réalisation du Jardin Descas de 2 ha en amont des programmes immobiliers pour qu’il puisse être livré dans les meilleurs délais avec 1 200 m² dédiés à l’agriculture urbaine qui n’existaient pas. On a obtenu que cette voie du Méridien fasse l’objet d’une servitude publique qui garantira en permanence son ouverture et son accès, qui fait que ce n’est plus qu’une rue strictement commerciale contrairement au projet initial FLORIAN. Et surtout – il fallait se prémunir contre les critiques que j’avais faites, Monsieur CAZENAVE, et que vous partagiez peut-être, à savoir faire une rue commerçante concurrente de nos rues de centre-ville – j’ai obtenu d’APSYS un comité d’enseignes auquel les pouvoirs publics participeront, c’est-à-dire la Ville de Bordeaux et la Métropole, mais également la Chambre des métiers, la Chambre de commerce et la Chambre de l’artisanat, pour que l’on soit consulté précisément sur les enseignes qui seront dans la rue Saget pour éviter précisément la concurrence que nous redoutions.
C’est cela le fond du dossier, Monsieur CAZENAVE. Donc, débattons du fond du dossier, mais ne débattons pas de postures politiciennes. J’ai obtenu également un comité de suivi qui sera mis en place afin de garantir la qualité urbaine architecturale et paysagère du projet qui associera Bordeaux Métropole et la ville de Bordeaux. J’ai obtenu enfin la tenue d’un débat démocratique sur le projet et une présentation du projet aux Bordelais par APSYS et des débats ici en Conseil municipal ou en Conseil de Bordeaux Métropole qui n’avaient jamais eu lieu. Donc, une dimension démocratique qui fait que, désormais, nous en débattons alors que l’on n’en débattait jamais. Je considère, Monsieur CAZENAVE – Monsieur FLORIAN, ce n’est pas la peine puisqu’il était favorable, lui, au projet initial – que vous pourriez considérer que le projet a sérieusement avancé. Ayez peut-être l’honnêteté politique, non politicienne, de dire qu’il y a quand même eu des modifications entre le projet de votre allié FLORIAN et le projet que l’on vous présente aujourd’hui, et qui justifie cette délibération.
Voilà ce que je voulais vous dire, mais ne revenez pas sans cesse à dire : « Le projet, il n’a pas changé, etc. » Je vous remercie.