Intervention

Clément Rossignol-Puech : Avenir de l’aéronautique

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Intervention de

Clément Rossignol-Puech

Vice-Président en charge des Mobilités

Conseil du

29 Janvier 2022

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Alors on a bien compris que concernant cette délibération sur TARMAQ, on va évoquer l’avenir de l’aéronautique. C’est plus large que cette délibération et l’avenir de l’aéroport de Bordeaux, et nous souhaitons rappeler un peu quelques chiffres.

Tout d’abord que la dynamique de croissance de l’aéroport telle qu’elle était pensé il y a encore quelques années avant le COVID, n’est pas tenable, puisque nous étions en 2019 à pratiquement 8 millions de voyageurs avec une croissance de 5 % par an voire 7% par an,

Donc 5 % par an, ça ne paraît pas beaucoup, mais en fait ça double tous les 15 ans. 7 % par an, ça veut dire que en 2035, il y aurait 26 millions de voyageurs.

Ce n’est pas tenable. Ce n’est pas tenable pour l’agglomération, ce n’est pas tenable pour les émissions de gaz à effet de serre, ce n’est pas tenable pour les riverains.

Il y a un débat en ce moment sur la piste sécante. Si on explique aux riverains que piste sécante ou pas, les vols vont tripler d’ici 15 ans, je pense qu’ils ne seront absolument pas favorables.

Donc il faut, comme ce sont l’État et les collectivités territoriales qui ont la majorité au conseil de surveillance, à nous de fixer des limites.

Tout d’abord, nous devons interdire les vols de nuit pour tous. Les aéroports français le font, il n’y a que Bordeaux, je crois, qui ne le fait pas, il faut changer cet état de fait, sauf les vols prioritaires d’urgence bien évidemment, mais plus de vols de nuit.

Et ensuite se poser la question, tous ensemble, sereinement, sur quelle doit être la croissance, ou non, voire la réduction du nombre de vols de l’aéroport de Bordeaux ?

Puisque je vous rappelle que les émissions de gaz à effet de serre de l’aéronautique en France c’est 8% – sur Bordeaux, l’empreinte carbone c’est pratiquement 12 %, donc ce n’est pas négligeable. C’est beaucoup. Et malgré les annonces de développements technologiques à venir, électrique, hydrogène, ça ne sera pas mûr ces technologies avant peut être quinze ans, le remplacement des flottes on rajoute dix ans, donc 25 ans, on n’y sera pas à la neutralité carbone. Il faut que chaque activité participe

Et donc la seule solution de réussir à la division des émissions de gaz à effet de serre par quatre par l’ensemble de la métropole est d’arriver à la neutralité carbone, c’est faire un effort dans chaque activité humaine, donc aussi dans l’aéronautique et donc il faut qu’on se mette autour de la table et qu’on discute de comment stabiliser et réduire le nombre de vols sur cet aéroport et essentiellement sur les low cost. C’est les low cost qui explosent sur l’agglomération bordelaise avec une croissance bien supérieure aux autres aéroports. Il faut qu’on se pose la question de comment limiter ce nombre de low cost.

Et je vous rappelle que si les catégories socioprofessionnelles employés et ouvriers font 43 % de la population bordelaise, en fait elles ne font même pas 20 % des vols, donc ce n’est pas, contrairement à ce qu’on croit, ce n’est pas forcément démocratique en France et encore moins dans les pays en développement où c’est même pas 1 % de la population.

Donc on doit avoir ce débat entre nous. Nous faisons la proposition de la mise en place d’un groupe de travail avec l’ensemble des maires concernés et des groupes politiques sur la trajectoire de l’aéroport, trajectoire climat, trajectoire du nombre de vols mais aussi l’évolution de l’aéroport, la piste sécante, pour qu’on ait une position commune.

Nous ne sommes pas favorables au retour de la navette Paris-Bordeaux, on l’a dit, on le redit. Par contre, c’est vrai que c’est complètement inégalitaire avec les autres aéroports. Donc la loi a été mal pensée et mal faite. Je pense qu’il faut avoir un débat plus large que simplement un aller)retour entre Bordeaux et la capitale. Ça, c’est vrai.

Et donc il faut porter ce débat au niveau national. Mais je pense qu’il y a des élections qui arrivent et qui nous permettront de la voir.

Et enfin, dernier point concernant la desserte en transports en commun et en mobilité de la zone aéroparc. Le débat sur l’OIM Innocampus en plus, maintenant c’est sur l’aéroparc. C’est un vrai sujet en effet, des zones d’activité qui se développent très vite et qui ont des problèmes de mobilité, c’est un des focus du schéma de mobilité, je vous le rappelle. Ça a été longuement débattu au mois de septembre et c’est aussi un des focus, Béatrice de François pourrait le dire, ainsi que Stéphane Delpeyrat, dans la prochaine délégation de service public transports. Vraiment à avoir un focus particulier sur les zones d’emploi. Il y a un outil qui est très fort et qui fonctionne bien et qui est un outil partenarial qui est le plan mobilité inter-entreprises.

Il faut que les entreprises aussi se mobilisent avec nous, pour trouver des solutions pour leurs salariés, parce que, en effet, le cadre de vie et les conditions de transport des employés, des entreprises et des collaborateurs, c’est extrêmement important dans le choix de mutation ou le choix d’acceptation d’un emploi.

Donc, il faut à la fois travailler en partenariat, aussi bien sûr développer, comme c’est prévu, à la fois des pistes cyclables et également des voies de covoiturage pour réduire notre autosolisme, et un réseau de transports en commun ambitieux avec les bus express circulaires notamment.

Et puis aussi, il y a un autre enjeu qui est plus stratégique aussi, c’est la mixité fonctionnelle. Aussi se poser des questions, je le pense, sur ces zones monofonctionnelles, fortes d’activités qui engendrent, on le sait, des déplacements pendulaires matin et soir pour l’embauche et la débauche.

Doit-on aller plutôt vers une ville multifonctionnelle avec également du logement ? C’est ce que je pense.

Alors sur le TARMAQ, je me suis un peu éloigné du sujet j’en conviens, j’ai bien entendu la description par le Vice-Président, on a bien lu la délibération.

Si dans les attendus, dans la description, il est fait mention de manière explicite aux enjeux que je viens de décrire de décarbonation et de trajectoire de l’aéronautique et de l’aviation, si on est bien conscient qu’il faut évidemment épauler les entreprises du secteur, par contre dans le document qui va être signé et dans la convention elle-même, il n’est fait que très peu mention, voire peu mention, des enjeux de décarbonation. En tout cas pas assez.

Donc on souhaiterait que ça soit vraiment le cœur du sujet. Déconstruction, mais également transition écologique de l’ensemble de la filière. Quand on sait que les entrepreneurs et les industriels sont très concentrés sur le sujet, il faut qu’on soit encore plus proactif sur ce point-là.

Donc nous nous abstiendrons sur cette délibération.

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