Intervention

Laure Curvale : Innocampus

Intervention de

Laure Curvale

Co-Présidente du groupe Écologies & Solidarités

Conseil du

29 Janvier 2022

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Monsieur le Président, chers collègues, c’est vrai que l’ambition du projet est d’ailleurs d’abord posée d’un point de vue écologique dans le diagnostic. C’est en tout cas ce que nous trouvons dans le rapport puisqu’on souligne qu’on est sur une zone importante artificialisation des sols, notamment dans les zones d’activités de sols -ce qui n’est pas très étonnant pour une zone d’activité- qui a dégradé l’écosystème, isolé les massifs boisés et produit des îlots de chaleur qui aggravent la hausse générale des températures.

Et il y a également une remarque, alors là on est sur le diagnostic de départ avant l’élaboration du projet, sur un usage massif de l’automobile au détriment de tout autre mode.

Alors ce diagnostic a conduit à un projet de renouvellement urbain qui se veut particulièrement ambitieux en termes de création d’emplois et pour attirer de nouveaux habitants. Promouvoir des mobilités plus vertueuses et effectivement essayer de lutter contre l’autosolisme, dans une certaine mesure, et qui n’ambitionne pas moins que la reconquête écologique d’un territoire, au terme de l’application de la démarche éviter, réduire, compenser, accompagner.

Si on regarde l’historique de ce projet, on est quand même surpris par le nombre d’avis réservés ou d’avis défavorables qui ont été suscités par ce projet et auquel il a essayé de répondre. Donc, cet historique et repris dans un passage sur la prise en considération des incidences sur l’environnement. C’est d’abord la Commission locale de l’eau du Sage Estuaire et Milieux Associés qui avait émis un avis de non-conformité en recommandant de revoir la délimitation des zones humides.

Ensuite, le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable, qui est l’autorité environnementale, avait également émis un avis début 2020. Certes, en constatant qu’il y avait une démarche qui prenait en compte les enjeux liés aux milieux naturels de façon soignée, mais en pointant que les mesures de compensation étaient encore insuffisantes, que la justification des choix réalisés pour certains sites était à compléter et surtout, finalement, la démonstration que le choix des sites de projets susceptibles de détruire des habitats d’espèces protégées répond à des raisons impératives d’intérêt public majeur et qu’il n’existe pas d’autre solution sur l’agglomération bordelaise méritait d’être étayée.

Et il y avait un reproche assez fondamental qui réapparaît d’ailleurs dans les conclusions de la commission d’enquête publique, qui est autour des mobilités. Et le principal reproche à l’autorité environnementale portait déjà sur la gestion des déplacements, le parti d’investir dans des infrastructures viaires, l’augmentation de l’offre totale de stationnement privé.

La recommandation était de reprendre l’étude d’impact en conséquence.

La commune de Canéjan avait elle aussi voté un avis réservé. Ensuite, il y a eu des réunions avec la ville de Canéjan et certains points ont pu être revus. Mais parmi les motivations de l’avis réservé de la commune, il y en avait qui portaient sur le plan de la biodiversité. La commune demandait que soient préservés les grands corridors écologiques existants, en lien notamment avec le site des étangs de la Briqueterie.

Et c’est surtout le Conseil National de Protection de la Nature qui est une instance rattachée au Ministère de la transition écologique, et qui comprend des experts indépendants, techniques et scientifiques, qui a émis un avis défavorable, alors en fait un avis réitéré, puisqu’il a regardé par deux fois le projet.

Son dernier avis, que l’on peut trouver en intégralité dans les annexes qui date lui du 24 septembre 2020, est un avis assez sévère pour le projet puisque justement il ne voit pas d’avancée par rapport au premier avis défavorable qui avait été émis.

Donc il porte sur le fait qu’il n’y a pas assez de mesures d’évitement. Il n’y a pas du tout de renaturation. Déjà, on en est à voir. Est ce qu’il y a bien évitement et à essayer d’évaluer quelles sont les compensations.

Ce Conseil national de la protection de la nature s’étonne que le Bioparc, qui constitue l’une des dernières grandes pénétrantes vertes de l’ouest de l’agglomération, puisse faire l’objet d’activités importantes. Alors, même si évidemment, on comprend que c’est à cause de la proximité de la rocade. Et il soulève différentes questions, y compris sur la pérennité des zones de compensation, pointe aussi qu’il n’y a pas bien entendu de mesures, comme je le disais, de renaturation ou de désartificialisation.

Donc il concluait, les mesures de compensation et leur sécurisation sont insuffisantes. La plus-value écologique des mesures compensatoires dans les secteurs à éviter sont insuffisamment garanties et leur volume non conforme aux gains de biodiversité attendus.

Donc voilà un petit peu pour un historique des projets successifs Alors bien entendu, ensuite, il y a eu un mémoire en réponse particulièrement volumineux du côté de la métropole pour ce projet et pour tenter de répondre à tous ces avis des autorités consultées.

Il est quand même difficile de voir jusqu’à quel point le projet actuel est arrivé à tenir compte de ces recommandations, réserves et avis défavorables, alors qu’il n’y a sans doute pas eu de modification en profondeur.

C’est d’ailleurs dit, il n’a pas été souhaité, par exemple, apporter des modifications aux programmes d’équipements publics et notamment aux infrastructures viaires. Autrement dit, à tout ce qui concerne justement le schéma de circulation.

Alors il y a quelques efforts qui ont été faits pour pérenniser, par exemple, la durée de compensation passée de 30 ans à 50 ans pour que ce soit plus protecteur que le PLU.

C’est vrai que c’est une bonne idée, d’ailleurs souligné je crois par le Conseil national de la protection de la nature, que malheureusement un PLU, ça va, ça vient et c’est une autre raison qui motivera mon vote contre cette délibération. Il y a l’ambition, par exemple pour le patrimoine, de mettre des protections paysagères dans le même temps où viaires il y a le déclassement d’une propriété dite Thomasson qui avait fait l’objet d’un premier classement. eu égard à son intérêt.

Je ne serai pas plus longue sur ces remarques. Je pense que c’est un dossier assez emblématique, qui pose vraiment les questions des difficultés d’un côté, de ce que nous voulons faire pour prévenir l’étalement urbain, mais tout en attirant finalement sur ce site en un temps très court, beaucoup plus d’habitants sur un site qui était déjà lui-même artificialisé et où il y avait déjà des difficultés de recours massif ou déplacement en solo de la voiture.

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