Intervention

Clément Rossignol-Puech : Navette Orly-Bordeaux

Intervention de

Clément Rossignol-Puech

Vice-Président en charge des Mobilités

Conseil du

18 Mars 2021

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Mes chers collègues, je vais être un tout petit peu plus long que Monsieur BOBET, si je peux me permettre, même si cela fait à peu près 6 heures et demie de conseil cumulées, je vais me permettre.

En 2019, les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien en France ont augmenté de 25 % en 20 ans par rapport à l’année 2000. +25 %.

Sur l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, quand on regarde les chiffres, c’est +75 %, donc, trois fois plus. En 20 ans. C’est lié uniquement à une hausse du trafic aérien. Une grosse hausse du trafic aérien. Tous les experts le disent, à court et moyen terme, les progrès technologiques de l’industrie aéronautique ne pourront pas améliorer ce bilan carbone puisque la progression du trafic est bien supérieure au progrès attendu à court et moyen terme. Et les gaz à effet de serre globaux de l’aviation, c’est de 5 %. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) et c’est l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Donc, il faut adapter le volume du trafic aérien en attendant les progrès technologiques qui devraient arriver d’ici 10, 20, 30 ans.

Je vous rappelle qu’un vol Paris-Bordeaux émet 60 fois plus d’émission de CO2 par passager qu’un TGV. L’interdiction des vols intérieurs en cas d’alternatives de moins de 2 heures 30 est insuffisante – c’est le projet de loi – parce que seules 5 lignes sont concernées sur une centaine de connexions intérieures existantes hors Corse et Outremer. Les modélisations fines montrent que la suppression de ces 5 lignes entraîne une réduction de moins de 7 % des émissions de gaz à effet de serre des vols métropolitains. Donc, finalement, ce projet de loi gouvernementale, c’est –7 % des émissions de gaz à effet de serre liées au trafic aérien à court terme. C’est clairement insuffisant vis-à-vis de l’augmentation globale des émissions de gaz à effet de serre du secteur concerné, l’aéronautique.

Nous souhaitons que le Gouvernement applique les recommandations de la Convention citoyenne pour le climat sans filtre, comme c’était prévu, en interdisant les vols intérieurs d’ici 2025 pour les vols intérieurs de moins de 4 heures, quand il existe une alternative bas carbone.

C’est plus ambitieux, et c’est la seule façon à court terme de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre concernées de l’aviation civile. Et évidemment cela doit concerner toutes les compagnies aériennes et pas seulement la compagnie AIR FRANCE, mais elle doit être impérativement accompagnée d’un plan de relance extrêmement ambitieux en faveur du transport ferroviaire et de toutes les industries décarbonées et de la transition évidemment énergétique, écologique de l’industrie aéronautique.

La fermeture de ces lignes aériennes, couplée à la crise sanitaire, va impacter durablement l’activité des compagnies aériennes après 2021 en particulier sur Bordeaux. Il faut absolument de fortes mesures sociales et économiques exemplaires qui soient proposées aux compagnies aériennes et aux industries concernées pour pouvoir évidemment sauvegarder l’emploi et les accompagner dans cette transition extrêmement nécessaire.

Cette loi est insuffisante et on nous demande de la rogner encore un peu plus temporairement, soit, on a bien lu la motion, mais l’urgence, c’est maintenant. Ce n’est pas demain. Je vous l’ai dit hier, la neutralité carbone de la France, les objectifs des Accords de Paris, c’est 2050. Au rythme auquel nous allons actuellement, collectivement, on y arrivera peut-être en 2086, et cela sera bien trop tard. Nous ne pouvons voter cette motion clairement, et nous allons voter contre.

Après, je voudrais rassurer tout le monde : savoir si on est dans la majorité ou dans l’opposition, c’est le vote du Budget, et hier, c’était clair. Il y a deux groupes qui n’ont pas voté le Budget, trois autres groupes l’ont voté. Donc, la majorité est solide. Il n’y a aucune ambiguïté à ce niveau-là.

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