Oui, Monsieur le Président, merci. Je vais tenter de répondre à l’interrogation de Thomas CAZENAVE qui est parfaitement pertinente. Ce qui est évoqué dans la délibération, c’est effectivement une charte. C’est laisser à la bonne volonté des opérateurs de s’accorder dans un premier temps, et ensuite, de respecter un certain nombre de conditions, mais qui tournent autour de la qualité constructive. Et puis, de toute façon, on revient toujours à se rapprocher, quand on regarde la question de la qualité, à la norme française qu’est aujourd’hui la RT 2020. L’emboîtement est encore plus terrible que cela, territorialement parlant. Il y a effectivement une charte, mais ce n’est qu’une charte. C’est de la bonne volonté des opérateurs. Et puis, ensuite, il y a des normes, des règles qui descendent de l’État, et là qui s’imposent. C’est la RT 2020.
La RT 2020 ne s’intéresse majoritairement qu’à la question du thermique, d’où son terme
« réglementation thermique ». La réponse qu’elle apporte est essentiellement pour arriver à un niveau passif du bâti ou voire un niveau positif sur l’embarquement de nouveaux systèmes techniques de plus en plus sophistiqués. La charte et la RT 2020 s’arrêtent grande maille à la question de l’enveloppe du bâtiment lui-même.
Notre interrogation avec le bâtiment frugal est d’aller beaucoup plus loin. Vous l’avez évoquée d’ailleurs. On sait aujourd’hui que, dans le cadre de la transition écologique, on doit s’intéresser aux matériaux qui sont mis en œuvre, aux systèmes constructifs mis en œuvre. La charte n’en dit rien. La RT 2020 n’en dit rien. On doit s’intéresser aux nouvelles filières de production de ces matériaux et de ces ressources. La charte ne parlait pas de réemploi. La RT 2020 non plus. Ce sont des préoccupations qui émergent tout à fait récemment. Donc, nous, notre référentiel, pour l’instant, au périmètre de la Ville de Bordeaux – parce que l’on ne souhaitait pas engager un grand débat métropolitain parce qu’il y avait la charte, maintenant, on va voir les emboîtements – il s’intéresse à trois dimensions : le bâti qui doit être bioclimatique. On en retrouve quelques éléments dans la charte. On en retrouve des éléments dans la RT 2020, mais moins que dans notre label, et surtout il s’intéresse à ce que l’on peut tirer du territoire localement. La RT 2020 est une norme générique. Quelle que soit la situation du bâti, vous avez exactement la même réglementation qui s’applique. C’est un peu problématique quand on parle de thermique. Donc, nous, c’est vraiment l’ancrage dans le territoire, la recherche des ressources et des matériaux territorialisés, donc tout ce qui va être le bio-sourcé, le géo-sourcé, dans un rayon de 200 km à peu près, et on a vérifié que l’on avait avec cela de quoi construire.
Le dernier pilier de notre label « Bâtiment frugal » va sur la qualité du bâti, ce qui est une préoccupation de la charte, mais on le définit, nous, de façon assez simple. Par contre, la charte n’en parlait pas, de mémoire, puisque moi, je l’avais signée à l’époque en tant que maître d’ouvrage, on ne parlait pas de cela. Nous, la qualité d’un logement est très simple, elle a une double orientation : être ventilé naturellement pour faire face aux fortes températures d’été. Donc, il est résilient grâce à un mécanisme extrêmement simple, mais qui par contre n’est pas la façon de produire aujourd’hui du logement sur la Métropole bordelaise majoritairement.
Et puis, il tire la leçon du confinement, c’est-à-dire qu’il impose une pièce extérieure extrêmement généreuse et à l’îlot résidentiel, il impose un jardin dans lequel on peut aller se promener même lorsqu’il y a un couvre-feu.
Voilà un peu les éléments du label.
C’est encore pire que cela, Thomas CAZENAVE, la question des emboîtements et de la mise en concurrence éventuelle de tous ces chartes, labels ou réglementations parce qu’il y a aussi maintenant « Bâtiment durable Nouvelle-Aquitaine » qui n’est pas tout à fait la charte de la qualité constructive de Bordeaux qui embarque nécessairement la RT 2020 et qui est un peu en-deçà sur la question du territoire et des matériaux de notre label « Bâtiment frugal ». Mais les ponts existent, et nous sommes en train de finir de les tricoter. Donc, il me semble qu’il n’y a pas d’incompatibilités dans la mesure où on comprend que les dispositifs ne sont pas les mêmes et n’ont pas les mêmes visées, et que notre label « Bâtiment frugal bordelais » va s’inscrire dans le label « Bâtiment durable Nouvelle-Aquitaine » qui a vocation à être aussi sur le territoire de la Métropole. D’ailleurs les opérateurs commencent à demander ce label lorsqu’ils ne sont pas bordelais, mais métropolitains de BDNA (Bâtiment durable Nouvelle- Aquitaine).