Intervention

Pierre Hurmic : Remise gracieuse partielle de la redevance annuelle (1/2)

Intervention de

Pierre Hurmic

Vice-Président en charge du Pilotage du projet de transition métropolitain

Conseil du

29 Janvier 2021

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Merci Monsieur le Président. Monsieur le Président, Chers Collègues, la question qui nous est posée aujourd’hui dépasse de loin la simple question de savoir si on est pour ou contre les Girondins, si on est pour ou contre une aide spécifique exceptionnelle accordée aux Girondins.

Je pense que, comme certains le souhaitent, il faut vraiment s’abstenir de tout Girondin bashing dans cette affaire-là. Personnellement, je tiens à dire que je ne le ferai pas parce que ce n’est pas le moment. Notre club connaît de sérieuses difficultés sécurités financières, et je souhaite vraiment que le Maire de Bordeaux se sente tout à fait responsable et alerté par la situation financière du club. Il fait partie du patrimoine, disait Nicolas FLORIAN. Ce n’est pas parce qu’il fait partie du patrimoine que cela nous crée des obligations systématiques, mais il fait partie de notre patrimoine depuis 140 ans, et je pense qu’il est de notre devoir de veiller à sa santé financière et surtout à sa pérennité.

Il est inexact de dire que la situation actuelle ou les difficultés financières du Club des Girondins comme celle de la plupart des clubs français proviendraient du COVID. La crise COVID et les matchs annulés comptent peu dans les difficultés financières du club et notamment des Girondins. Elle est même dérisoire dans les budgets concernés.

Par contre, cette crise, c’est vrai, ne fait que révéler plus rapidement que prévu les grandes faiblesses de notre football national, son état de quasi-faillite. Les difficultés ne datent quand même pas d’hier. Depuis 20 ans, le désordre, l’instabilité, la permissivité financière voire morale des instances nationales ont donné une mauvaise image de notre football. Le transfert de joueurs est devenu l’outil d’une cavalerie salariale inflationniste entre clubs, et je vois ici même, il y a quelques années, Monsieur DA GROSA au moment de la reprise du club contre laquelle j’avais naturellement votée, mais Monsieur DA GROSA, je me souviens très bien avec un ton que je qualifierais un peu de bonimenteur était venu nous expliquer que lui, le mercato, la cavalerie autour des joueurs, ce n’était pas du tout son modèle économique. Ce serait un modèle économique beaucoup plus vertueux. On l’a vu, les Girondins ont fait naturellement comme tous les autres, et on le voit bien aujourd’hui, cela les mène dans une impasse. Si ce n’est pas aujourd’hui la crise COVID qui est responsable de la situation, elle provient essentiellement de l’affaire Mediapro, c’est-à-dire les frais, les redevances TV dont les clubs n’ont pas été payés cette année.

Je crois que nous vivons la fin d’un modèle économique périmé, celui de toutes les extravagances et pas seulement salariales. Les extravagances aussi d’équipements surdimensionnés, trop coûteux ; trop coûteux pour tous, pour l’argent public, et également pour les utilisateurs. On le voit bien actuellement, ils ont un salaire très élevé pour un outil de travail sous-utilisé. Donc, c’est aussi à l’origine de leurs difficultés, je pense qu’il faut que l’on ait la lucidité aussi de le reconnaître puisque c’est juste un choix collectif qui a consisté à porter ce trop grand stade de 43 000 places aujourd’hui sous-utilisé.

Ce modèle économique est en danger. Alors, la question que l’on peut se poser, c’est « Doit- on continuer à l’alimenter, à l’encourager à fonds perdus, comme nous l’avons fait dans le passé, à grands coups d’aides publiques diverses ? » Je pense qu’il faudrait plutôt chercher à aider, à inciter les clubs, le nôtre en l’occurrence, à réfléchir au monde footballistique de demain.

J’ai la conviction que les aides aux facilités de trésorerie accordées au club doivent comporter

–          quand je dis « comporter », je préfère dire « doivent exiger » – des contreparties consistant à leur demander de prendre l’engagement d’amorcer des réformes structurelles d’envergure indispensables.

J’ai tenté une solution qui me paraissait une solution responsable, qui consistait à dire  :

« Écoutez, cette somme-là, nous ne l’exigeons pas dans l’immédiat. Nous acceptons qu’elle soit exigible d’ici 6 mois, et à l’issue de cette période de 6 mois pendant laquelle nous n’exigerons pas cette somme dont vous souhaitez être dispensés du paiement, on réexaminera la situation du Club pour voir si la remise peut ou non être envisagée à la lueur de trois critères, mais je pense qu’il peut y en avoir bien d’autres. Le premier : « Sont-ils prêts à réinventer leur modèle économique et social ? » « Sont-ils prêts à réduire significativement la masse salariale des joueurs ? » « Sont-ils prêts à aider le sport amateur et participer de façon plus importante à son financement ? » J’ai essayé de proposer cette solution via un amendement éventuel. Me rendant compte qu’il y avait peu de chances qu’il soit suivi, j’ai renoncé à le présenter officiellement ce soir.

La situation est pour nous tout à fait simple, elle amènera un vote qui est tout aussi simple, nous considérons qu’accorder aujourd’hui une remise gracieuse de 1,4 million en pleine crise économique et sociale, qui touche quand même en premier lieu les plus vulnérables de nos concitoyens et de nos entreprises, serait un mauvais signe donné sur nos priorités.

J’ajoute que cette ristourne est lourde pour nous dans tous les sens du terme. Elle est lourde pour nous financièrement, 1,4 million dans un contexte budgétaire plutôt contraint, et j e pense qu’elle est lourde également politiquement.

En même temps, elle est insignifiante pour un club qui enregistre un déficit qui va avoisiner les 80 millions d’euros. Donc, 1,4 million, déficit de 80 millions d’euros. Egalement à mettre en parallèle avec une masse salariale de 60 millions d’euros. La comparaison quand même est assez surprenante et montre bien que les marges de progression se situent ailleurs que dans les subsides versés par les collectivités territoriales.

Pour terminer mon propos, ce matin, je parlais avec d’autres d’ailleurs de la sobriété qui nous est imposée par les temps qui viennent à l’occasion de ces orientations budgétaires, eh bien je pense que notre devoir aujourd’hui est de partager cet impératif de sobriété avec notre biotope sportif bordelais. Dans la mesure où nous ne le faisons pas, nous voterons contre cette délibération. Je vous remercie.

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