J’ai été un peu mis en cause, je veux bien intervenir. De toute façon, j’avais prévu d’intervenir. D’abord pour me féliciter avec vous du caractère globalement plutôt apaisé du débat que nous avons ce matin. Je pense que même la minorité a compris le choix d’une nouvelle gouvernance de cet établissement reposant sur le fait majoritaire. C’est une décision qui n’est pas un caprice d’une nouvelle majorité, mais qui s’inscrit dans le cadre de ce que nous pensons être une gouvernance plus moderne, certes d’un établissement public de coopération intercommunale, mais qui fonctionne de plus en plus comme une vraie collectivité locale avec un budget de 1,7 milliard et qui ne peut plus être gouvernée comme elle était gouvernée en 1968 à l’époque d’un aimable syndicat intercommunal avec peu de compétences, peu de budgets. Il était temps que nous mettions la gouvernance de la Métropole en adéquation avec ce véritable pouvoir qui est devenu le nôtre, au fil des années. Et quand je disais que ce n’est pas un caprice, je pense que vous avez lu comme moi la presse qui a fait suite à notre réunion de la semaine dernière. J’ai sous les yeux l’article du spécialiste de la gouvernance et des stratégies métropolitaines à Sciences Po Bordeaux et Sciences Po Paris, Monsieur Gilles PINSON, qui parle d’évolution heureuse, qui dit que
« L’opposition va pouvoir désormais jouer un rôle de contestation de projets. Le Conseil de Bordeaux Métropole va devenir un véritable lieu de délibération et de mise au clair d’un projet porté par la majorité. » Il ajoute : « C’est comme cela que se fait la démocratie. C’est le prix à payer pour que l’échelle métropolitaine soit un vrai lieu de formulation d’un projet, et non pas un bouilli fait de compromis entre différentes communes. » C’est une analyse politique extérieure, faite par un spécialiste. Parfois certains disent the specialist des gouvernances métropolitaines à Sciences Po Paris. Je voulais quand même apporter au débat cet élément que vous avez parfaitement le droit de contester, Monsieur BOBET. En même temps, dans l’article, il dit : « Je comprends parfaitement que cette évolution soit douloureuse pour les tenants de l’ancien système de cogestion. » Vous voyez qu’il a plutôt de la compassion pour la nouvelle minorité.
Je voudrais également intervenir sur l’interpellation de Monsieur MANGON. On ne va pas faire ici une revue de presse, Monsieur MANGON. Vous avez dit que vous étiez d’accord avec une partie de l’article, et je vous en remercie. Le reste, c’est très approximatif. Je n’ai jamais dit que j’étais pour l’interdiction de la voiture dans le centre-ville de Bordeaux. J’ai simplement dit dans cet article qu’à terme, il me semblait que, dans des villes françaises comme dans la plupart des villes d’Europe du Nord et même je note beaucoup de villes d’Europe du Sud comme en Italie, la place de la voiture dans les centres-villes serait remise en question. J’ai dit « à terme », cela me paraît être une échéance suffisamment floue pour indiquer ce qui sera incontestablement le cap de villes qui seront désormais de moins en moins adaptées au trafic automobile. Voilà exactement ce que j’ai voulu dire.
Et un dernier mot sur la remise en cause de notre schéma des mobilités. Cela me paraît tout à fait nécessaire. Voilà une nouvelle majorité qui s’installe. Voilà une nouvelle assemblée métropolitaine avec beaucoup de nouveaux arrivants que je suis heureux ici de saluer. Il est quand même normal que nous mettions à plat notre schéma des mobilités. Le monde a changé. Les impératifs sont nouveaux. En plus, en fin de mandature, nous étions très nettement orientés vers le fait qu’il fallait davantage associer les territoires périphériques à notre schéma des mobilités. Donc, maintenant, il faut le faire. Le Président ANZIANI l’a rappelé, on a un des plus grands réseaux de tramway de France. Notre grand échec collectif partagé, c’est de ne pas avoir suffisamment intégré les territoires périphériques. Si notre rocade est bouchée tous les matins, je suis désolé, ce n’est pas les Métropolitains, ce sont les territoires périphériques que nous n’avons pas su intégrer suffisamment à notre schéma des mobilités. Nous avons été obsédés par une agglomération, par une Métropole magnétique. Je pense que, de temps en temps, il faut changer le paradigme. Le futur schéma des mobilités reposera forcément sur une nouvelle conception de l’aménagement du territoire. Vous faisiez allusion aux villes moyennes, Monsieur MANGON, vous aviez raison. Le schéma des mobilités ne sera pas uniquement un schéma qui reposera sur cette espèce de fétichisme que nous avons trop longtemps partagé autour du tramway, mais qui tiendra compte de ce que nous avons souvent sollicité à l’intérieur de cette assemblée, c’est-à-dire un nouvel équilibre territorial intra-métropolitain et surtout extra-métropolitain. Et enfin et surtout, si nous mettons du tramway partout, nous n’aurons plus d’argent pour financer ce nouveau syndicat que nous avons mis en place en fin de mandature qui consiste à travailler autour du RER métropolitain (Réseau express régional) ou plus exactement extra métropolitain qu’il va bien falloir, à un moment, financer. Je pense que le véritable challenge se situera dans nos relations avec nos périphéries. Aussi, ne nous laissons pas enfermer dans un schéma des mobilités qui, à mon avis, est daté, et j’ai tendance à dire également périmé.
Je vous remercie.