Intervention

Pierre Hurmic : FCGB, redevance du club (1/2)

Intervention de

Pierre Hurmic

Vice-Président en charge du Pilotage du projet de transition métropolitain

Conseil du

25 Juin 2021

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Merci Monsieur le Président. Je viens compléter les propos que vous avez pu tenir, il y a quelques instants, pour dire que tant vous-même que moi-même, nous avons été, ces dernières semaines, extrêmement sollicités, extrêmement préoccupés par la situation des Girondins. Nous avons d’abord, vous le savez, reçu l’ensemble des candidats repreneurs. Nous avons eu des contacts avec le mandataire ad hoc désigné par le Tribunal de commerce de Bordeaux, Monsieur ABITBOL, malgré le caractère, vous le savez, tout à fait confidentiel de ce type de procédure, mais avec un souci constant qui nous a animés, tant Alain ANZIANI que moi-même, c’était d’éviter, je vais dire à tout prix, même si le terme est excessif, en tout cas d’éviter le redressement judiciaire du football club des Girondins. Pourquoi fallait -il l’éviter à tout prix ? D’abord les risques sportifs évidents, une relégation en deuxième division qui n’est plus automatique, vous le savez, mais qui dans cette hypothèse-là, la DNCG l’avait laissé entendre, était tout à fait envisagée, mais aussi et surtout pour des raisons qui concernent les finances de notre établissement, à savoir que vous savez pendant une procédure de redressement judiciaire, toutes les dettes sont gelées et ensuite, une fois le redressement judiciaire terminé, lorsque le plan de cession est validé, le Tribunal de commerce redistribue l’argent, à supposer qu’il y en ait, en fonction d’un certain nombre de créanciers plus ou moins privilégiés, à savoir d’abord l’État, l’URSSAF, ensuite les salaires, et la Métropole interviendrait en fin de course donc une probabilité certaine que nous ne toucherions pas 1 centime à l’occasion de cette situation de redressement judiciaire. J’ajoute que bien évidemment, le repreneur dans ces cas-là ne reprend que les actifs et ne reprend aucune des dettes. Situation très préoccupante et très pénalisante pour la Métropole, il faut que nous en ayons tous conscience, si le redressement judiciaire avait été acté et si aucun repreneur n’avait été jugé suffisamment probant pour acheter le club des Girondins.

Alain ANZIANI dit avoir reçu le futur responsable, futur repreneur des Girondins de Bordeaux, c’est-à-dire Monsieur Gérard LOPEZ. Je l’ai moi-même reçu mercredi dernier. Il est venu m’expliquer les conditions de constitution et d’acceptation de son offre par les actuels propriétaires du club. Il a exprimé son souhait d’entretenir de bonnes relations avec les pouvoirs publics, à savoir avec la Métropole et en l’occurrence la Ville de Bordeaux. Il nous a fourni quelques explications sur son projet économique et sportif pour le club. Je tiens à vous dire que j’ai très nettement insisté auprès de lui sur le fait que l’argent public, en l’occurrence l’argent public, en ma qualité de Maire, ne saurait abonder à l’avenir les finances du football club, rappelant notre hostilité résolue à toute remise de loyer.

Je lui ai également exprimé le vœu que certains trouveront peut-être utopique, mais auquel je tiens énormément, je lui ai rappelé le vœu que nous souhaitons à Bordeaux que notre ville devienne une terre de réinvention d’un modèle du foot d’élite qui est aujourd’hui en proie au pire des dérives, du foot-business. J’ai clairement indiqué à Monsieur LOPEZ que je pense que l’on arrive à la fin d’une époque, à la fin d’un système que j’ai suffisamment combattu sur ces bancs à de multiples occasions et il est hors de question que les pouvoirs publics puissent accompagner ces dérives, ces délires de plus en plus coûteux d’un modèle économique à mon sens totalement dépassé. « Colosse au pied d’argile », je pense que c’est une expression qui caractérise assez bien ce qu’est le modèle économique du football dans ce pays et même ailleurs dans d’autres pays d’Europe. On n’est pas les seuls à y réfléchir, loin de là. Actuellement, il y a une toute réflexion notamment de nature éthique qui se fait sur la redéfinition des relations entre les collectivités et les clubs et sur la façon même dont les clubs doivent être gérés.

Je vais terminer mon intervention en disant que nous sommes soulagés, je l’ai dit, nous avons évité le pire, mais soyons conscients du fait que nous ne sommes pas complètement sortis d’affaires avec cette perspective de reprise. Le repreneur doit passer, Alain AZIANI l’a dit, devant ce qu’on appelle le « Gendarme du football », la DNCG, au début du mois de juillet prochain. La tâche s’annonce compliquée. Les Girondins demeurent, il faut le dire, un club qui est structurellement déficitaire depuis des années, que ce soit sous-M6 qui a vendu un club déficitaire, que ce soit sous GACP ou sous King Street.

Actuellement, le déficit est d’environ 60 millions d’euros. C’est un club aussi qui est fortement endetté. Il y a notamment cette fameuse dette vis-à-vis du preneur, vis-à-vis de Fortress, une dette de 38 millions d’euros. C’est un club qui est chroniquement déficitaire et endetté.

La DNCG exige maintenant que l’argent existe bien quand on présente un plan de financement de club et que ce ne soit pas uniquement une promesse de financement. Il faut vraiment prouver que l’argent existe bien. D’après les estimations qu’on a pu faire, Gérard LOPEZ a environ besoin de 50 millions d’euros   pour   convaincre   le   gendarme   financier.   Un   peu   moins   de 30 millions pour les pertes escomptées en 2021 et 2022 et un peu plus de 20 millions correspondant aux ventes de joueurs prévues dans les comptes. Or, on sait qu’il ne dispose au mieux que de 40 millions en incluant les 10 millions du fonds de solidarité de l’État pour l’aide aux coûts fixes.

Donc le passage devant la DNCG n’est pas encore acquis. Monsieur LOPEZ est un homme d’affaires tout à fait avisé, donc je lui souhaite bonne chance, mais je considère que nous ne sommes pas encore totalement sortis d’affaires. Je pense et j’en reviens et je termine sur la délibération qui nous est aujourd’hui soumise, je pense que c’est notre façon à nous, collectivité locale, de faire en sorte que nous n’accompagnions pas la procédure de redressement judiciaire qui aurait pu avoir lieu si les collectivités locales avaient été sourdes à toute politique d’accompagnement du nouveau repreneur des Girondins. C’est donc un moratoire. Je le redis, il n’y a aucune remise de loyer qui n’est faite au repreneur, c’est simplement le lissage de la dette pendant quelques courtes années. C’est la raison pour laquelle, en ce qui nous concerne, nous voterons cette délibération. Je vous remercie.

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