Intervention

Pierre Hurmic : Compte rendu annuel du projet de mandature

Intervention de

Pierre Hurmic

Vice-Président en charge du Pilotage du projet de transition métropolitain

Conseil du

25 Juin 2021

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Merci Monsieur le Président. Je crois que ce compte-rendu annuel de l’exécution du projet de mandature reflète le début du chemin déjà parcouru depuis quelques mois, chemin parcouru, j’ai envie de dire, semé d’embûches et d’imprévus, mais il permet également d’entrevoir l’ampleur des défis qui nous attendent pour le chemin à emprunter dans les années qui viennent. Je crois que rien n’est plus injuste et plus inaudible aussi j’ajouterais, que de dire à ce jour que durant cette première année, nous n’avons rien fait. C’est faux. On peut dire que l’on a mal fait, selon les bancs où on se situe, mais de dire que l’on n’a rien fait, je pense que cela est parfaitement non seulement, injuste, mais également inaudible.

Je pense qu’il faut que l’on soit tous humbles. La question que je me pose – je ne veux pas dire quotidiennement, mais très souvent – c’est : « Sommes-nous à la hauteur de… », j’emprunterai, vous m’excuserez, l’ampleur du défi qui nous attend à ce que dit un climatologue britannique qui s’appelle Kevin Anderson, qui dit à propos du péril climatique : « Il ne s’agit pas d’aller moins vite sur la mauvaise route, mais il s’agit de prendre la bonne route ». Est-ce que nous allons moins vite sur la mauvaise route ? Je ne le crois pas. Est-ce que nous avons emprunté la bonne route ? Je le crois. En tout cas sur la bonne route, il faut y rester, celle de la transition écologique et solidaire que nous avons promise à nos électeurs et que nous avons promise également à cette Métropole, je pense qu’il faut que nous nous y tenions et c’est tout le challenge que l’on doit affronter. Je le dis avec humilité, en tout cas avec détermination et je voudrais partager avec vous la détermination qui est la nôtre, qui est celle de l’exécutif.

J’ajouterai pour illustrer un peu certains propos, la violence des inondations que l’on a connues, ces derniers temps, ici et surtout j’ai envie de dire ailleurs, et ses conséquences. Elle doit nous interroger. Elle doit nous interroger naturellement sur le péril climatique, mais aussi sur la façon dont on a aménagé nos villes. On se rend compte dans une ville comme Bordeaux de l’imperméabilisation totale de nos rues avec des ruissellements qui ne vont pas forcément là où il faudrait qu’ils aillent, notamment sur un certain nombre d’immeubles et contribu ant ainsi à fragiliser leurs fondations.

Si vous voulez, quand on a décrété le fait qu’il fallait à tout prix limiter l’artificialisation des sols, tendre vers le 0 artificialisation des sols, je pense que l’on est sur le bon chemin. Je pense que l’on est sur la réponse à apporter à ce type de défis qui commencent à menacer, qui sont de moins en moins hypothétiques ou futuristes. Je pense que c’est là-dessus que nous devons sérieusement travailler.

La prochaine crise qui va nous secouer ne sera pas forcément virale. Elle peut être liée et elle sera vraisemblablement liée à une catastrophe climatique. Elle sera liée peut-être à la pollution de l’air, elle sera peut-être liée à l’épuisement des ressources. Je ne sais pas si comme moi, vous avez vu hier les premiers extraits de ce qu’est le brouillon du sixième rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). On nous dit que ce n’est que le brouillon, mais déjà, le brouillon est extrêmement alarmiste puisque ce brouillon illust re parfaitement, révèle en tout cas le formidable décalage entre les prévisions scientifiques qui hurlent depuis longtemps, il faut le reconnaître à l’urgence à agir et le rythme timide des réformes envisagées par les pays riches pour progresser vers la neutralité carbone en 2050. C’est ce que nous dit ce pré-rapport du GIEC. Je pense qu’il faut de plus en plus que nous l’entendions.

J’ajouterais également que, dans une logique de changement positif, il faut que nous soyons capables de nous saisir de la dernière crise que nous venons d’affronter, la crise sanitaire Covid, pour y voir un signe, celui de la nécessaire accélération de la transition écologique et sociale qui est le moteur de notre projet métropolitain. Cette transition doit couvrir l’ensemble de nos politiques métropolitaines en transversalité pour leur donner force et cohérence en plaçant les habitants, les acteurs publics et privés, parties prenantes du territoire, au cœur de notre projet.

Sachez que nous travaillons à la mise en place d’une méthodologie agile de pilotage et d’évaluation du projet de transition qui alimentera nos objectifs de mandature via la mise en place d’outils de suivi et d’arbitrage tels que le budget climat et un tableau de bord de suivi d’indicateurs précis.

Nous travaillons à la fois au déploiement d’actions opérationnelles tout en engageant une vision prospective du territoire. Pour montrer que ce ne sont pas des incantations, je vais citer deux exemples précis, très précis, pour ne pas être long : la politique des déchets qui est fortement investie par Patrick LABESSE. Nous savons que la consommation annuelle des Ordures Ménagères Résiduelles, des OMR, par habitant s’élève chez nous à 243 kg/habitant en 2019, mais notre volonté clairement affichée est de prévenir et réduire ces déchets à la source. Pour cela, au début de l’automne, nous expérimenterons deux points d’apport volontaire innovants : un quartier Terre Sud Bel Air à Bègles et l’autre, Bordeaux Bastide Benauge. Nous avons un objectif que je qualifie de très ambitieux de réduction de 30 à 50% sur la base de l’indicateur Ordures Ménagères Résiduelles. On va faire en sorte d’y arriver surtout de voir si on y arrive. Il faut que nous nous dotions de moyens pour mesurer les effets d’une telle expérimentation, décider en toute connaissance de cause et collectivement de son déploiement sur le territoire métropolitain et sur demande des communes volontaires.

Deuxième exemple que je prendrai, c’est la question des emplois verts. La question des emplois verts liés à la transition énergétique et écologique, nous l’évoquons souvent, mais est-ce que l’on en connaît seulement de près la réalité ? Je ne suis pas persuadé. Au-delà de l’argumentaire politique, avons-nous une idée construite du déploiement de ces emplois qui sont les potentiels nouveaux métiers à l’échelle du territoire en tenant compte de nos spécificités territoriales. Pour cette raison, le Président ANZIANI a validé le déploiement d’une étude dédiée en lien avec la délégation de Claudine BICHET et de Stéphane DELPEYRAT. Parallèlement à cette étude, nous pourrons mesurer le nombre d’emplois créés dans le secteur de la transition écologique et énergétique et voir son évolution. Il ne suffit pas de décréter que nous voulons devenir un territoire post-carbone, il faut régulièrement évaluer les outils que nous nous donnons pour voir si nous sommes sur cette trajectoire de territoire bas carbone.

Au-delà de nos ambitions pour le territoire métropolitain, c’est une véritable méthodologie que nous devons porter. Celle-ci doit avoir trois caractéristiques, elle les aura :

-La première, c’est une méthodologie fédératrice co-construite avec et pour les acteurs en associant étroitement les communes.

-Deux, elle doit être opérationnelle et expérimentale pour sensibiliser et accélérer les transitions.

-Trois, enfin, elle doit être prospective pour aller au-delà d’une vision court-termiste et électoraliste et inscrit résolument le projet transition de Bordeaux Métropole dans la durée. Je vous remercie.

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