Monsieur le Président, et si je peux m’exprimer ainsi, si vous m’autorisez cette fantaisie, j’ai envie de dire « Mon cher confrère » puisque nous avons eu la chance ou l’honneur de choisir, à un moment donné, d’exercer la même profession.
Mesdames et Messieurs les Conseillers, Mesdames et Messieurs les Maires, la journée que nous sommes en train de vivre est historique. Et je vous remercie, cher Alain, de nous permettre de la vivre à vos côtés. Je vous félicite pour cette élection. Je vous remercie donc de vivre à vos côtés cette journée de changement, cette journée d’une nouvelle gouvernance de la Métropole, vous l’avez rappelé. Et cette journée ne pouvait être qu’historique aussi parce qu’elle a succédé à des élections municipales que je qualifierais également d’historiques : contexte sanitaire que vous avez rappelé, un processus démocratique électoral interrompu par la douloureuse période de confinement. Et il ne faut jamais oublier de le rappeler, élection historique, hélas, par l’abstention massive que nous avons dû essuyer, et qui doit nous interpeller collectivement ici, mais aussi dans chacune de nos communes, et nous imposer de trouver de nouveaux outils de démocratie plus permanente, moins intermittente. Historique également, je pense, l’avènement à Bordeaux comme dans d’autres villes de toute taille, de projets municipaux écologistes et solidaires portés par des listes de rassemblement.
Cette élection d’aujourd’hui, Monsieur le Président, vous engage. Elle nous engage aussi à vos côtés, et sachez que vous pourrez compter sur le travail qui sera fait par l’ensemble des élus écologistes de cette assemblée.
Le projet que nous allons porter ensemble, pendant les 6 ans qui viennent, traduit l’aspiration de renouvellement démocratique exprimée dans les urnes les 15 mars et 28juin. Un projet marqué par un engagement fort à relever, le défi majeur de cette mandature : faire de notre Métropole un territoire résilient. Un territoire qui sache amortir les crises économiques, sociales et environnementales que nous traversons, mais aussi qui sache anticiper les futures crises dont on sait qu’elles se révèleront encore plus dures que celles que nous connaissons. Un territoire qui saura les dépasser, espérons-le, pour apporter notre pierre à l’édifice du changement global que je crois, nous sommes nombreux à appeler de nos vœux dans cette assemblée même si c’est parfois avec des mots différents, des calendriers différents, et des référentiels politiques différents.
Ce projet nous engage tous, Monsieur le Président, et c’est ensemble que nous relèverons ces défis : le défi climatique, bien sûr, le défi des mobilités actives, le défi de la préservation et de l’accès à l’eau, le défi du logement pour tous, le défi de la sanctuarisation de nos espaces naturels, le défi aussi de la croissance, du bien-être pour nos concitoyens et de la décroissance, des pollutions et des gaspillages.
La nouvelle gouvernance que nous allons instaurer dans cet établissement qui n’y était pas habitué, n’a rien d’extravagant contrairement à ce que j’ai cru deviner dans les propos de certains. Je tiens à dire ici que cette nouvelle gouvernance qui repose sur la reconnaissance du fait majoritaire, a également été choisie par d’autres intercommunalités, d’autres métropoles, et pas des moindres, parmi les plus importantes — Nantes, Lyon, Strasbourg, Grenoble. Je tiens à resituer aussi, dans un contexte national, cette gouvernance nouvelle que nous avons décidé d’instaurer aujourd’hui ensemble à Bordeaux.
Et puis, contrairement à ce que j’ai entendu, cette nouvelle gouvernance, n’exclut pas, elle partage, elle clarifie. Elle consiste en quoi ? Je vais le rappeler en deux mots, il faut que l’on soit clair là-dessus. D’une part, une instance politique qui est le Bureau qui consacre une gouvernance majoritaire réunie derrière un projet engageant, mais aussi il ne faut pas l’oublier, une conférence des maires prévue par la loi, instance collégiale où chacune et chacun aura sa place, quelle que soit la taille de sa commune, son expérience ou son étiquette politique. Notre souci sera de donner et de préserver toute sa place à l’échelon de proximité communal dans notre Métropole. Vous l’avez rappelé, nous sommes d’accord là- dessus, cette Conférence des maires consacrera le pouvoir des 28 maires de la Métropole. Je ne crois pas que l’on puisse à cet égard évoquer une quelconque exclusion, comme j’ai pu l’entendre en début de séance.
Cette nouvelle gouvernance aura le mérite de clarifier les échelons de pouvoir, et cela me paraît aller non seulement dans le sens de l’histoire, mais aussi dans le sens de la réponse que nous devons apporter à nos concitoyens qui ont exprimé globalement un besoin de changement. On ne peut plus se référer à ce qu’était la gouvernance d’une aimable communauté urbaine à la fin du siècle dernier. Le monde a évolué, et ce monde qui évolue nous impose aussi d’évoluer, d’inventer de nouvelles formes de gouvernance, et c’est ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui à vos côtés. Sachez qu’en ce qui nous concerne, nous sommes très heureux, et nous vous savons extrêmement gré, Monsieur le Président, d’incarner aujourd’hui avec nous ce renouvellement de gouvernance que, vous le savez, nous appelons de nos voeux depuis longtemps en acceptant d’ailleurs d’être minoritaires, il faut accepter le statut d’élus minoritaires. On l’a plaidé pendant longtemps. On était minoritaire, aujourd’hui, autorisez-nous à montrer notre satisfaction à voir que ces idées-là présideront enfin aux choix que nous serons amenés à faire dans les 6 années qui viennent.
Et je vais terminer mon propos en vous disant que ces défis nous obligent à nous montrer à la hauteur des engagements que nous avons pris. Je ne dirais pas que le modèle précédent était celui de l’inaction, seulement que les temps ont changé, et que notre devoir est aujourd’hui de nous adapter à ce nouveau contexte.
Ces défis nous engagent à accélérer les évolutions et révolutions, au sens copernicien du terme, qui nous conduiront à la résilience. J’entends souvent dire, « Le terme résilience est un terme abscons ». Je pense qu’il y a une définition très simple de la résilience, et je dirais très ancienne, historique aussi, pour terminer sur la même connotation que celle du début de mes propos, et aussi, celles je dirais, mon cher Alain, d’un de nos confrères. Peu savent qu’il était confrère, mais il l’était, c’était GANDHI qui, en son temps, à mon avis, a bien défini, ce qu’était la résilience, et je souhaiterais que l’on ne perde jamais de vue cette excellente définition qui devra être notre boussole dans les années qui viennent, et qui consiste à dire
« Il nous faut apprendre à vivre plus simplement pour permettre à d’autres de simplement vivre. »
Merci.