La création de la Régie de l’Eau : reprendre la main sur un bien commun essentiel

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Pendant 30 ans, la gestion de l’eau à Bordeaux Métropole a été confiée à une entreprise privée. Mais face aux défis climatiques et aux inégalités d’accès à l’eau, nous avons estimé qu’il était temps de reprendre la main. “L’eau, c’est une ressource vitale, essentielle, un bien commun qui nous appartient à tous.”

En décembre 2020, nous avons fait un choix historique : reprendre en gestion publique l’eau potable pour les 750 000 habitants de la métropole bordelaise. Trois ans plus tard, nous avons réussi, en construisant l’une des plus grandes régies publiques de France.

“C’est un moment historique. Personne n’y croyait, ou peu d’entre nous. Par contre, nous, les écologistes, nous y croyions et nous l’avons fait.” Sylvie Cassou-Schotte, Présidente de la Régie de l’Eau et Vice-Présidente en charge de l’Eau et de l’Assainissement à Bordeaux Métropole.

Ce changement s’inscrit dans une conviction forte : l’argent de l’eau doit revenir entièrement à l’eau ! Fini les dividendes versés aux actionnaires, désormais chaque euro collecté est réinvesti dans la qualité du réseau, la lutte contre les fuites, et la préservation de la ressource pour les générations futures.

Le retour en régie publique de l’eau

Créer en moins de deux ans l’une des plus grandes régies publiques de France (avec plus de 400 agents, pour 750 000 à 800 000 usagers) est un défi relevé avec succès. L’objectif principal ? Veiller à ce que chaque euro payé par les usagers revienne à l’eau :

  • Une gouvernance 100 % publique : La régie est gérée dans l’intérêt général, avec des usagers représentés dans les instances décisionnelles. “Les usagers ont la parole grâce à la présence d’associations de consommateurs dans la gouvernance.”

  • Un service plus équitable : avec une politique tarifaire à la fois sociale et environnementale et un nouveau système de tarification solidaire élargi et renforcé.

  • Un engagement environnemental fort : Les investissements dans le réseau ont été doublés pour garantir la qualité et la durabilité de la ressource.

Des enjeux cruciaux pour l’avenir

La menace du changement climatique

Les épisodes de canicules et de sécheresses, comme en 2022, ont souligné la fragilité de nos nappes profondes. L’eau prélevée (plus de 57 millions de m³ en 2022, soit l’équivalent de 22 000 piscines olympiques) ne se renouvelle pas assez vite quand les pluies sont trop faibles.

En passant sous gouvernance publique, nous somme désormais en mesure de doubler nos investissements pour entretenir les 3 500 km de canalisations et limiter le gaspillage de l’eau !

Nous misons également sur des campagnes de sensibilisation à grande échelle, comme la campagne Protège ta Nappe pour encourager des usages plus sobres et responsables.

Assurer une cohérence globale avec l’assainissement et les eaux pluviales

À partir du 1er janvier 2026, l’assainissement et la gestion des eaux pluviales rejoindront la Régie de l’Eau. Un choix essentiel pour

  • Faire face au risque inondation moderniser les réseaux et anticiper les phénomènes climatiques extrêmes
  • Protéger l’environnement : réduire les rejets d’eaux usées non traitées, améliorer la qualité des cours d’eau et des nappes souterraines.
  • Adopter une vision cohérente de l’ensemble du cycle de l’eau : de la source (captage) jusqu’au rejet dans le milieu naturel.

« En ayant la pleine maîtrise de l’eau, de l’assainissement, de la gestion des eaux pluviales, on se donne toutes les chances pour pouvoir affronter ces défis et préserver la ressource sur le long terme. »

Ce que ça change concrètement

Pour les habitants, c’est la garantie d’une eau de qualité, gérée localement et dans l’intérêt collectif ! C’est également celle d’un prix maîtrise, à la fois plus juste et plus environnemental, introduit par la nouvelle tarification de l’eau. Et surtout, c’est la certitude que chaque euro payé est réinvesti dans la qualité du service.

Pour l’environnement, c’est désormais l’engagement de notre territoire dans une gestion responsable et durable de l’eau. Des infrastructures modernisées et des pratiques innovantes pour limiter les pertes ainsi qu’une meilleure anticipation des impacts climatiques font d’ores-et-déjà partie des priorités stratégiques portées par la Régie de l’Eau.

Un symbole fort pour demain

Reprendre la gestion publique de l’eau, c’est un acte politique et éthique fort.

Ce choix, c’est le fruit d’une victoire politique après un combat de longue haleine mené par les écologistes, qui marque la fin de la marchandisation de l’eau et ouvre la voie à une gestion plus responsable et durable.

« L’eau est un bien commun, c’est la vôtre, c’est la nôtre, ce n’est pas un bien marchand. Cette régie, c’est la preuve qu’avec un peu de convictions, de courage politique et beaucoup de travail, on peut se réapproprier nos biens communs. »

Avec la Régie de l’Eau, nous affirmons une conviction écologiste : préserver l’eau aujourd’hui, c’est préparer l’avenir qu’on lègue aux générations futures. Nous nous donnons ainsi les moyens de bâtir un service résilient, innovant et plus humain, répondant aux besoins d’aujourd’hui tout en préservant les générations futures.